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NARGUILÉ
: UNE VOGUE ET UNE VAGUE DE QUESTIONS
Par Thibaut PANNETIER, étudiant en psychologie
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Correspondances, Automne 2007.
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Introduction |
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Le
Narguilé est une pipe à eau de style arabo-persan
servant à fumer du tabac. Ses origines sont mystérieuses
et sujettes à controverse. Il est, dans les représentations
occidentales, associé au folklore Oriental. Néanmoins
il demeure, sous différentes appellations (narghilé,
chicha, shisha, hookah…), un objet utilisé régulièrement,
par plus de cent millions d'individus, en Asie, en Europe
et en Afrique. Depuis les années 80, et surtout 90,
son usage s’est considérablement développé.
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Avant
tout une pratique culturelle traditionnelle, il est devenu
un phénomène social touchant principalement
le bassin méditerranéen et les grandes métropoles.
L’engouement que connaît le narguilé, notamment
en France, crée le débat entre ceux qui prônent
son charme, sa tradition, son innocuité supposée,
et ceux qui l’accablent d’être un «
hymne à la paresse », et/ou d’être
une pratique dangereuse dans un contexte de prévention
tabagique. Le débat scientifique quant à son
impact sanitaire n’est pas tranché.
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Les
origines du Narguilé |
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Plusieurs hypothèses
sont avancées quant à la naissance de cet
objet ; nous ne retiendrons que celles considérées
comme les plus pertinentes par les chercheurs. Précisons,
avant d’aborder le narguilé, que les premières
pipes à eau apparaissent en Inde, 2000 ans avant
la découverte du tabac. D’autre part, que le
tabac est originaire d’Amérique du sud et centrale
; il est arrivé en Europe en 1492 et de là,
il s’est diffusé aux pays voisins, ainsi que
ses différents modes d’utilisation, notamment
la pipe. Sa propagation a continué au reste de l’Europe,
en Turquie, au Maroc et en Asie, ainsi, dès la fin
du XVIe siècle, le tabac était connu dans
le monde entier.
- La Dhoom Netra
(2) est une des premières pipes à eau utilisée
en Inde, elle était bourrée d’herbes
médicinales, aromatiques et de substances psycho-actives.
A son arrivée dans l’empire Ottoman, elle a
subit des modifications avec l’avènement d’ustensiles
tels que le fourneau (ou foyer), le bec et le tuyau que
l’on retrouve dans les narguilés d’aujourd’hui.
(voire illustration).
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- Certains auteurs
parlent d’une origine Persane (3), partant de recherches
sur le «dagga» (cannabis) et mentionnent l'usage
de la pipe à eau « Dakka ». « Narghile
» viendrait du mot persan « Nãrgil »
qui veut dire « noix de coco », qui vient lui-même
du sanscrit « Nãrikera ». « Shisha
» viendrait du mot persan « Shishe » qui
veut dire « bouteille». Avec l’arrivée
du tabac, naquis la mixture qui a la prédilection
des fumeurs de narguilé, constituée de tabac
et de mélasse* ou de miel.
- D’autres
recherches (4) avancent l’hypothèse de l’Afrique
de l’Est et centrale (Kenya, Zambie, Tanzanie, Ethiopie)
et en Afrique du sud, faisant mention également de
pipe à eau « Dakka ».
L’existence
du Narguilé et son usage social à grande échelle
sont admis avec l’apparition et l’adoption du
tabac.
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Légende
: "Le Narguilé est composé de plusieurs
parties aux fonctions spécifiques. Sa taille peut varier
de moins de 30 cm à 130 cm pour les plus imposants.
Sa cime est composée d’une douille de terre cuite,
de céramique ou de métal, le foyer, où
y est déposé du tabac mélangé
à de la mélasse ou du miel. Il est souvent aromatisé.
Son tronc, fréquemment ornementé de sinusoïdes
métalliques, cache un fin tube de métal par
où passe la bleuâtre fumée, voici la cheminée.
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Cette
dernière finit sa course immergée dans l’eau
fraîche d’un vase décoré à
l’ouverture étroite et à l’assise
déployée. A même la cheminée, à
la jointure du vase, s’échappe un ou plusieurs
longs tuyaux ficelés de cuir, pour les plus raffinés,
et terminés d’un bec par où s’aspirent
les effluves recherchées. Toujours à la base
de la cheminée, on peut parfois rencontrer un petit
système à bille servant de soupape lorsque la
fumée est trop dense." FCC_01
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Les
tabacs à Narguilé |
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Voici quelques
précisions sur les trois principaux types de tabacs
à Narguilé : le tabamel, le tumbâk et
le jurâk :
- Tabamel (ou Abamel) : en arabe " mu'essel ",
littéralement " miellé " ou "
mielleux ", est nommé ainsi en raison de sa
composition à base de mélasse* (résidu
du raffinement de la canne à sucre) ou de miel utilisés
comme agglutinants. La proportion de tabac y est de 30%.
De nos jours, il n’est pas rare que de la glycérine
soit ajoutée afin d’humecter le mélange.
Diverses essences sont ajoutées et « confèrent
au produit des goûts et parfums extrêmement
variés : à la pomme (très courant),
à la fraise, à la menthe… » (6).
Ou encore : raisin, cerise, melon, réglisse, rose,
noix de coco…C’est la forme de tabac la plus
consommée par les occidentaux.
- Tumbâk : il s’agit de tabac pur. Il est fort
et puissant, ce qui le rend difficile à fumer. Il
est humecté avec de l’eau et pétrit
jusqu’à former une petite boule qui sera trouée
et fumée telle quelle.
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-
Jurâk : principalement d'origine indienne, il peut être
considéré comme l’intermédiaire
entre les deux premiers types de tabac. Il est principalement
consommé dans la péninsule arabique. Des fruits
et des huiles peuvent rentrer dans sa composition. Cependant,
l'on nomme parfois jurâk un tabac mélassé
mais non aromatisé.
« …le Narguilé se présente sous
deux types majeurs : le traditionnel narguilé destiné
à la consommation de tumbâk et la « shîsha
» plutôt conçue pour le tabac mélassé.
» (6). Shîsha désigne le même objet,
il s’agit d’une des appellations plus utilisée
par les occidentaux. Sur les paquets de tabamel, il est indiqué
un taux de goudrons de 0% et un taux de nicotine généralement
de 0,5%. S’agissant des goudrons, le 0% est ambiguë
: il est avancé par les fabricants de tabac de narguilé
du fait que les goudrons sont formés lors de la combustion
du tabac, or le tabac de la shîsha n’est pas brûler,
mais, comme nous le verrons, « chauffer ». Les
fabricants jouent sur les mots, car dans les faits, même
chauffé, le tabac produit des goudrons (6) (7).
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Le
Narguilé aujourd’hui |
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Suite
au renouveau de son usage au Moyen-Orient dans les années
80 et 90, le narguilé s'est mondialisé. Cet
engouement fut si conséquent, notamment en Tunisie,
en Egypte et d’autres pays orientaux, que des pouvoirs
publics de certains Etats ont adopté une législation
répressive. «Fumer un narguilé est l’activité
quotidienne, durant plusieurs heures, de dizaines de millions
de personnes dans des contextes socioculturels divers. »
(6) Pourtant il reste méconnu de la plupart des sources
d’information et de connaissances, telles que les encyclopédies
; il n’est qu’un objet folklorique appartenant
à l’histoire, une histoire vaporeuse mêlant
omissions et fausses croyances. La littérature et la
peinture, aussi bien orientales qu’occidentales, l’ont
mis en scène et l’ont magnifié, contribuant,
par ce biais, à ce que son nom et son allure soient
à la fois familiers et obscurs. Au Proche Orient, le
narguilé est aussi bien une pratique culturelle populaire
qu’un phénomène social. Il est un point
de rencontre entre tradition et modernité, un objet
et une pratique transgénérationnels, touchant
les plus âgés comme les plus jeunes. Dans de
nombreux pays, il dépasse même le fossé
des classes sociales. Il est associé à un moment
de détente ritualisé, favorisant convivialité
et communication. Le rituel de préparation, le caractère
collectif et fraternel, le contexte et l’ambiance font
partie intégrante de son usage. Transmettre le tuyau
du narguilé au convive a une connotation symbolique
très forte. Les trois dimensions fondamentales de sa
pratique sont donc le temps, la parole et le jeu. Dans les
représentations occidentales, son caractère
exotique et mystérieux renforce la capacité
de séduction qu’exerce cet usage.
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Et comme on l’entend
dire des fraîchement initiés, il est «
une invitation au voyage ».
Cette augmentation
de la pratique du Narguilé chez les jeunes adolescents
est liée, entre autre, au déclin de la consommation
de cigarettes. Ces dernières étant considérées
et représentées comme impropres, sales et
dangereuses. Le narguilé est surtout consommé
chez soi ou dans « les cafés chicha »
; il devient un prétexte au développement
de cafés et salons aux ambiances néo-orientalistes
dans les grandes villes de nombreux pays occidentaux. Il
est fait mention d’une utilisation du narguilé
pour fumer le cannabis. Cela toucherait principalement les
pays du Maghreb mais il y a peu d’informations fiables
sur l’étendue de cette pratique. Il s’agirait
essentiellement d’un usage caché dans les arrières
boutiques de certains salons et dans le cadre de pratiques
personnelles. Notons que la texture du tabamel n’est
pas sans rappeler le « dawamesk », confiture
verdâtre faite à partir de résine de
cannabis, consommée au milieu du 19ème siècle.
Par ailleurs, les pipes à eau de type « Bong
» (ou bang), répandues de nos jours, sont utilisées
pour fumer le cannabis et d’autres plantes psychotropes.
Il y a tout lieu de penser que le narguilé n’est
pas qu’une simple vogue, qu’il va durer et s’étendre
encore. Son renouveau et son adoption peuvent être
expliqués par différents éléments
comme le croisement des flux touristiques et migratoires
liés à la mondialisation, l’ «
effet boomerang des campagnes anti-tabac », une dépendance
légère (nous le verrons par la suite) et par
tout ce qui attrait au symbolisme de l’objet et de
la pratique, à la convivialité et à
l’expérience sensorielle. (6)
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Fausses
croyances |
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Reste
maintenant la question de la santé publique dans le
contexte actuel de la lutte anti-tabac. Les utilisateurs du
narguilé sont parfois sourds aux messages de prévention
tabagique pour des raisons qui tiennent plus aux croyances
et au symbolisme de l'objet qu’à une information
scientifiquement validée. En particulier l’idée
de « pureté » associée à
l’eau. En effet, la fumée filtrée par
l’eau devient plus douce à inhaler et elle laisse
supposer une « moindre nocivité ». Le bruit
court également qu’il n’y aurait pas de
nicotine dans la fumée du narguilé et donc pas
de risque de dépendance.
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L'aspect « confituré » du tabac et son
côté sucré font écho à l'enfance
et orientent les associations vers le champ de l'innocence
et de l'anodin. Dans nombre de culture, comme l’a montré
Levi-Strauss, le miel est une substance sacrée. Le
narguilé renvoie à l'artisanat et s'éloigne
de l'artificiel et de la « sècheresse »
du tabac industriel. Les usagers sous-estiment certainement
les risques du narguilé. La majorité des écrits
sur le domaine s’accorde pour dire que les risques pour
la santé ne sont pas encore évalués de
manière valide.
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Débat
scientifique |
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Il
n’est pas envisageable de mentionner l’ensemble
des études sur le sujet, mais il nous semble intéressant
de signaler celles qui ont fait le plus bruit dernièrement
: tout d’abord, les deux rapports de l’OMS (organisation
mondiale de la santé) (5), critiqués dans leur
méthodologie par d’autres scientifiques, principalement
originaires du Moyen-Orient, et le livre du Pr Bertrand DAUTZENBERG
et Jean-Yves NAU (7), respectivement président de l'OFT
(Office Français du Tabagisme) et journaliste au Monde.
Le premier rapport d’experts de l’OMS a été
rejeté par l’opinion moyen-orientale et même
ciblé comme un outil de manipulations politico-financières
des gouvernements, des industriels du tabac et des firmes
pharmaceutiques. Le 31 mai 2006, la journée mondiale
sans tabac parlant du tabac « sous toutes ses formes
», s’est basée sur ce premier rapport de
l’OMS pour incriminer l’usage du narguilé
sans prendre référence sur d’autres travaux.
(8) Le débat fait rage. Une des approches de l’OMS
a été d’étudier le narguilé
par rapport à la cigarette. La méthode a été
critiquée en invoquant des différences conséquentes
dans le mode de consommation. Les données fournies
par l’OMS ont été relayées dans
la presse écrite et lors de reportages télévisuels
(9) par des affirmations du type : «1 narguilé
= 200 cigarettes », puis «1 narguilé =
40 cigarettes ». Le docteur Kamal CHAOUACHI, chercheur
en socio-anthropologie et en tabacologie, auteur de deux ouvrages
(6), de thèses et de critiques des rapports d’experts
de l’OMS, affirme que ceci n’a aucune valeur scientifique.
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Il ajoute qu’
: « Il faudrait faire des études moins biaisées
pour faire des comparaisons objectives en comparant ce qui
est comparable ». Les principaux reproches concernent
l’obtention des mesures de nocivité à
partir de « machines à fumer » au débit
d’aspiration trop soutenu et trop long, qui ne reflètent
pas la réalité de l’usage du narguilé.
Lors des aspirations
soutenues des machines, le foyer augmente en température
et n’a pas le temps de refroidir. Ce qui n’est
pas le cas chez un fumeur ordinaire, qui, bien souvent,
transmet le tuyau à ses convives. Nous verrons plus
loin que la température est un point essentiel pour
déterminer l’impact sanitaire. L’OMS
et le Pr DAUTZENBERG avancent cependant que la fumée,
se trouvant adoucie, est aspirée plus profondément
dans les poumons et constitue un risque supplémentaire.
De plus les séances de narguilé durent en
moyenne de 45 minutes à plus d’une heure et,
quand elles ne sont pas à l’extérieur,
se déroulent le plus souvent dans des lieux où
l’air ambiant n’est pas suffisamment renouvelé,
précisant les risques liés à l’inhalation
du monoxyde de carbone (CO). Le Dr CHAOUACHI met en avant
un moindre risque par rapport à la cigarette, dont
l’usage est répété alors que
l’usage du narguilé est plus espacé.
De plus, le mode d'utilisation traditionnel tend à
une réduction des risques « empirique »
liée à la fréquence et la longueur
des aspirations, les variantes du dispositif, au type de
tabac, au renouvellement de l'eau, à l'utilisation
de charbon naturel sans composés auto incandescents…
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Aspects
tabacologiques |
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Dans
une démarche d’analyse des risques tabacologiques,
il faut prendre en compte les différents composants
de la fumée et la manière de l’inhaler.
Cela implique de se pencher sur la température de consumation
du tabac. Le Dr CHAOUACHI indique que pour la cigarette ordinaire,
le foyer peut atteindre 900° C ; quant au Narguilé,
la température du tabac peut être comprise entre
400 et 500° C car il n’est que chauffé. Il
y a « pyrolyse » pour le tabac de la cigarette
et on parle de « distillation » concernant le
narguilé. Les goudrons produits sont corrélativement
plus cancérigènes à mesure que la température
augmente. L’OMS indique que le tabac soumis à
cette plus faible température augmente le taux de CO
dans la fumée. Ce taux de CO s’accroît
également par l’utilisation des charbons servant
à chauffer la mixture de tabac (le charbon n’accroît
pas le taux de goudrons, car ceux-ci sont formés par
la combustion de matière organique et le charbon, n’en
contient pas). En ce qui concerne la nicotine, entre autre
responsable de la dépendance au tabac, les informations
sont contradictoires. L’OMS indique un taux élevé
de nicotine lors d’une séance de narguilé
dans leur premier rapport d’expert, mais ils reviennent
sur cette affirmation dans leur second rapport. Le Dr CHAOUACHI,
se basant sur des études indépendantes, déclare
: « …une séance de narguilé au tabamel
peut délivrer au fumeur une quantité de nicotine
d’un ordre de grandeur voisin de celui que l’on
retrouve dans une cigarette ». Il ajoute également
que les fumeurs de cigarettes avérés ne peuvent
substituer le narguilé à la cigarette pour assouvir
leur besoin en nicotine.
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Le
Pr DAUTZENBERG annonce des résultats similaires sur
ce point. Sans rentrer dans une analyse de la dépendance
et de sa dimension « psychologique », on doit
souligner des différences importantes liées
au contexte de fume entre le narguilé et la cigarette.
L’un est ritualisé dans sa préparation,
il demande du temps, un endroit fixe, du matériel et
il est généralement « groupal ».
L’autre est simpl d’utilisation, transportable,
rapide et le plus souvent solitaire. A l’un, on associe
généralement un cérémonial, un
aspect ludique, de détente et récréatif,
à l’autre, en plus d’un plaisir, une consommation
de type « para angoisse », alliant des comportements
de types compulsifs. Les informations relatives à la
présence des hydrocarbures, des microparticules, des
métaux lourds (chrome, cobalt, plomb, nickel) ne sont
pas encore significatives. Tous ces éléments
seraient plus ou moins bien filtrés par l’eau.
Le CO est l’élément qui présente
le plus de risques et même de sur-risque par rapport
à la cigarette, et un point de convergence d’une
majorité d’étude. C’est un gaz dangereux
et il est en quantité non négligeable dans la
fumée de narguilé ; mais il est important de
préciser que son taux varie de 10 ppm (parties par
million) à 60 ppm selon les dispositifs et les types
de mesures. Malgré l’ensemble des recherches
de différents horizons, nous n'avons pas de données
statistiques et épidémiologiques précises
sur l'impact sanitaire du narguilé chez les fumeurs
au Moyen-Orient. Concernant les pays Européens, il
n’y a pas encore assez de recul ; de plus, la consommation
de narguilé peut être alliée à
l’usage d’autres produits fumés.
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La
réduction des risques |
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En vue de préserver
sa santé, il est préférable de ne pas
fumer de tabac, sous aucune forme que ce soit. Dans une
optique de réduction des risques, nous nous proposons
d’énoncer un certain nombre de précautions
dans l’usage du narguilé. Ceci en nous basant
sur l’expérience des usagers et sur les données
scientifiques. Diminuer les goudrons et surtout le taux
de CO lors de la fume, impliquent un équipement et
un usage appropriés. D’après les mesures
en laboratoire (6), il est recommandé d’avoir
un narguilé de grande taille et muni d’un système
de soupape pour évacuer, d’un souffle dans
le tuyau, la fumée trop dense accumulée dans
le vase. Il est préconisé de ne mettre que
de l’eau dans le vase, en quantité suffisante
et de la changer le plus souvent possible. Ajoutons que
dans la préparation de la douille de tabac, il est
conseillé que ce dernier ne soit pas trop tassé,
mais au contraire aéré. Quant au charbon,
il faut opter pour un produit naturel issu du bois, sans
substances auto-incandescentes chlorées ou autre
et qu’il soit déplacé régulièrement
sur toute la surface de la douille.
Ensuite, il incombe
à l’utilisateur de procéder à
de brèves aspirations et de les espacer dans le temps
en veillant à clore la séance avant que tout
le tabac ne soit distillé.
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Enfin, il faut
espacer les sessions et fumer à l’extérieur
ou dans un espace bien aéré. Notons qu’il
est préférable, à l’extrémité
du tuyau d’aspiration, d’utiliser des embouts
plastiques personnels et de nettoyer son matériel
afin de parer à d’éventuels risques
infectieux. Dans un idéal sanitaire, aucune combustion
ou distillation du tabac ne devrait être produite.
Il existe des dispositifs chauffants permettant une distillation
du tabac sans charbon. Ces systèmes d'allumage pourraient
amoindrir la production et l’absorption de CO, mais
ils demeurent peu répandus. N’en déplaisent
aux puristes, certains proposent une alternative à
la shisha, grâce au « Narguilé à
Oxygène » sorti sur le marché début
2007. Il s’agit d’un dispositif à l’allure
de narguilé permettant d’inhaler de l’oxygène
à 95% aromatisé d’huiles essentiels.
Ces avatars de narguilés se hument dans des salons
aménagés dits « bars à oxygène
». Dans le cadre de ces pratiques, nous n’avons
recensé aucune étude scientifique sur l’impact
d’une inhalation régulière d’oxygène
quasi pur, notamment sur le long terme. Pour terminer, gardons
à l’esprit que l’exposition aux risques
ne dépend pas que du produit, mais aussi du profil
du fumeur, du mode de consommation et du type de dispositif.
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Conclusion |
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Le
mot mystère reste accolé au Narguilé
; nous attendons que la brume s’amenuise quant à
son origine, grâce aux apports de l’archéologie,
de la sociologie et de l’histoire. Le narguilé
est un objet traditionnel, imprégné de plusieurs
civilisations, et faisant parti du patrimoine culturel, plus
ou moins ancien, de nombreux pays. Par son caractère
magique et énigmatique, il fascine et attire beaucoup
d’adolescents et parfois de plus jeunes ; cet engouement
suscite des peurs et nécessite que l’on s’intéresse
au phénomène de façon rigoureuse. Gardons
à l’esprit que cette vogue fait la bonne fortune
des industriels du narguilé et qu’ils l’entretiennent
par de nombreuses innovations tels que de nouveaux parfums
et des ustensiles « design et tendance ».
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Son impact sanitaire reste difficile à déterminer,
aussi attendons que les recherches aboutissent. Il n’en
demeure pas moins que le narguilé implique l’inhalation
de fumées issues de la consumation du tabac et cela
seul, suffit à exposer à des risques similaires
à ceux de la cigarette. Il faut rester prudent face
aux informations qui circulent et garder à l’esprit
les implications que peuvent avoir tout ce qui attrait au
tabac. Ne cédons pas aux annonces accrocheuses et abrégées
comme a pu le faire le monde médiatique et prenons
le temps de nous pencher sur toutes les recherches engagées
et à venir.
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«
La mixture de tabac contenue dans la douille est généralement
recouverte d’une feuille d’aluminium que l’on
perce de quelques trous et où l’on vient poser
un charbon incandescent composé, traditionnellement,
de fibre de coco, de bois de citronnier ou d’olivier.
Cela permet de consumer la mixture à une température
plus faible que le rouge foyer de la feuille de tabac enroulée.
Quelques minutes s’écoulent, le foyer s’est
empli d’une ardente chaleur et, à présent,
on peut saisir le serpent de cuir et déposer à
ses lèvres le bec de la chimère enclin à
nous souffler son haleine suave et sucrée.
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A
bon entendeur, il ne s’agit pas là de souffler
mais d’aspirer doucement le nuage, mettant en marche
les viscères de la créature. Le déplacement
d’air dans le tuyau va provoquer une dépression
dans la cavité d’air claustré du vase
à demi vacant. La cavité se réduisant,
l’aspiration continue dans l’étroit tuyau
de métal, telle une cheminée inversée,
jusqu’au foyer où le charbon s’attise et
rougi le tabac sucré. L’épaisse fumée
blanchâtre va se refroidir au contact de l’eau
laissant entendre le gargouillis berceur du fluide cahoté
et procurant, une fois en bouche, une riche et agréable
douceur parfumée sublimant l’instant dans une
volupté intemporelle. » FCC_01
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Notes |
 |
(1)
Leo WIENER, au début du siècle - Ivan VAN SERTIMA
(2) Joachim A. FRANK
(3) B. M. Du TOIT & Hasan SEMSAR
(4) Alfred DUNHILL & John EDWARD PHILIPS
(5) World Health Organization Report on "Waterpipe Tobacco
Smoking"
(25/11/2006) & OMS : 2nd Rapport d’experts USA-Egypte
(19/04/2007)
(6) CHAOUACHI. K, 1997, Le Narguilé : Anthropologie
d'un mode d'usage de
drogues douces, Paris, Ed. L'Harmattan & 2007, Tout savoir
sur le narguilé,
Paris, Ed. Maisonneuve & Larose
(7) DAUTZENBERG. B, & NAU. J-Y, 2007, Tout ce que vous
ne savez pas sur la
chicha, Paris, Ed. Margaux Orange
(8) Dossier de presse sur la Journée Mondiale sans
Tabac : « Le tabac, mortel
sous toutes ses formes » (31 mai 2006) publié
par le Ministère de la Santé et
l’INPES
(9) Reportages France 5 (5 avril 2006) et France 2, journal
de 13 heures (31 mai
2006)
(10) Narguilés à oxygène NARGUILOX®
et bars à oxygène OXYBAR®
(www.narguilox.fr)
Sites Internet :
- http://narguile-sante.blogspot.com/
- http://www.tabac-stop.net/narguile_shisha.html
- http://www.sacrednarghile.com/fr/index.php
- http://fr.wikipedia.org/wiki/Narguil%C3%A9
- http://www.narguile-chicha.info/
- http://www.narguile.info/sante_chicha.php
- http://docs.google.com/View?docid=dgbz283m_78gkhthv
|
|
Documents
Internet :
- http://www.sacrednarghile.com/fr/
narguileAliBabaEt40CigarettesVolantes_000.htm
- http://www.prevention.ch/narguilejmst07.pdf
- http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2006/pr28/fr/
- http://www.who.int/gb/fctc/PDF/wg1/f1t7.pdf
- http://docs.google.com/View?docid=dgbz283m_6zjdzng
K. Chaouachi :
=> 2nd rapport de l'OMS erroné : “New Erroneous
WHO Expert Report on Shisha
(Guza, Hookah, Narghile) Smoking” adressé à
Dr Margaret CHAN, Director-
General World Health Organisation, Paris, le 18 avril 2007
:
- http://docs.google.com/View?docid=dgbz283m_6zjdzng
=> Tout ce que vous ne pouviez pas savoir sur le livre
de Bertrand DAUTZENBERG
et Jean-Yves NAU : « Tout ce que vous ne savez pas sur
la chicha »
(Ed Margaux-orange, mai 2007) :
- http://docs.google.com/View?docid=dgbz283m_78gkhthv
=> Lettre à Michèle ALLIOT-MARIE, Ministre
de l’Intérieur (Juin 2007) :
- http://docs.google.com/View?docid=dgbz283m_81cz325f
=> Lettre à Roselyne BACHELOT- NARQUIN, Ministre
de la Santé (Juin 2007) :
- http://docs.google.com/View?docid=dgbz283m_82httmc9
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