|
TRAITEMENT
DE SUBSTITUTION OPIACÉE PAR MÉTHADONE ET BUPRÉNORPHINE
: LA DYSFONCTION SEXUELLE COMME EFFET SECONDAIRE DU TRAITEMENT
Randall T. BROWN et Megan ZUELDORFF,
University of Wisconsin, Madison, USA
|
Le Flyer N°32, Avril 2008
|
 |
Résumé |
 |
Le
traitement de substitution opiacée (TSO) est la modalité
de traitement la plus répandue et la mieux documentée
de la dépendance aux opiacés. La méthadone
et la buprénorphine sont actuellement les médicaments
les plus fréquemment employés. La dysfonction
sexuelle a été rapportée comme un effet
indésirable des opiacés incluant la méthadone
et la buprénorphine.
|
|
Le
présent article décrit les mécanismes
proposés pour la dysfonction sexuelle comme effet indésirable
de la méthadone et de la buprénorphine. Il récapitule
les recherches menées chez des sujets sur ces médicaments
et explore l'évaluation et l'intervention appropriées
dans la gestion des types de dysfonctions sexuelles les plus
fréquemment rencontrés pendant le TSO (dysfonction
libidinale, érectile et orgasmique).
|
Retour en haut de page |
 |
Introduction |
 |
Le
traitement de substitution aux opiacés (TSO) est la
modalité la plus courante et la plus efficace de traitement
de la dépendance aux opiacés. Actuellement,
plus de 460 000 individus en Europe(18) et plus de 241 000
aux États-Unis(32) reçoivent des MSO (Médicaments
de Substitution Opiacée) sous forme de méthadone
ou de buprénorphine. Parmi ceux-ci, 99% aux États-Unis(31)
et 91% en Europe(18) reçoivent de la méthadone.
La dysfonction sexuelle est un effet secondaire fréquemment
rapporté des MSO et a été étudiée
sur des échantillons recevant des MSO, essentiellement
des hommes sous traitement de maintenance à la méthadone.
Les plaintes courantes liées à la fonction sexuelle
et potentiellement aux taux d'hormones sexuelles chez les
individus sous TSO incluent une baisse de libido, une
|
|
dysfonction
orgasmique (orgasme retardé ou incapacité à
atteindre l’orgasme) et une irrégularité
menstruelle (essentiellement oligoménorrhée
et aménorrhée)(16,17). Les troubles de la détumescence
ou de la résolution, n'ont pas été associés
aux opiacés ou aux TSO.
La considération de la dysfonction sexuelle comme effet
secondaire de la médication est importante, parce qu’en
plus de créer des difficultés dans les relations
intimes, elle peut entraîner une diminution de l’observance
du traitement et affecter les bienfaits connus des TSO. Alors
que l'impact de la dysfonction sexuelle sur l’observance
du traitement n'a pas été étudié
chez les échantillons recevant un MSO, il a été
montré que la dysfonction sexuelle affectait l’observance
thérapeutique chez des sujets avec une dépression(22),
un VIH(37) et une hypertension(31).
|
Retour en haut de page |
 |
PHYSIOLOGIE
REPRODUCTRICE |
 |
|
|
|
Retour en haut de page |
 |
Homme : |
 |
La
sécrétion normale d'hormones sexuelles masculines
(c'est-à-dire androgènes) est produite par l’intermédiaire
des hormones hypophysaires, essentiellement la FSH, qui est
régulée par des stimuli provenant de l'hypothalamus
(gonadolibérine = GnRH) et du tissu gonadique (inhibine).
Cette voie de rétrocontrôle est illustrée
par le diagramme 1. La concentration sérique de GnRH
présente des variations diurnes considérables.
|
|
La GnRH, à son tour, régule la sécrétion
par l’hypophyse de la FSH chez l’homme qui elle-même
stimule la production de spermatozoïdes et de testostérone
(par les cellules de Leydig) dans les testicules. Seule la
fraction de testostérone sérique libre (par
opposition à la fraction liée à une protéine)
est physiologiquement active. L’inhibine, sécrétée
par les cellules de Sertoli dans les testicules, fournit un
rétrocontrôle négatif à la fois
à l’hypophyse et à l'hypothalamus pour
réguler davantage ce système de rétrocontrôle
chez l’homme.
|
Retour en haut de page |
 |
 |
 |
L'obtention
d’une excitation, d’une érection et d’une
éjaculation normales dépend également
d’une fonction neurologique et vasculaire intacte. La
stimulation parasympathique de la sécrétion
de monoxyde d’azote (facteur de relaxation dérivé
de l’endothélium) produit un relâchement
du muscle lisse du corps caverneux et l’érection.
L'éjaculation est contrôlée via un influx
sympathique. L'influx sympathique produit alors une stimulation
des récepteurs adrénergiques alpha-1 et alpha-2
dans le corps caverneux et donc, la détumescence. La
testostérone joue un rôle important dans le fonctionnement
sexuel masculin. Un taux de testostérone sérique
inférieur à la normale peut se manifester par
une libido réduite et une dysfonction érectile.
Une baisse prolongée de la testostérone sérique
peut entraîner de plus une inhibition de l'émission
séminale. Les hommes hypogonadiques qui suivent un
traitement substitutif de la testostérone montrent
une augmentation de la libido et de la fonction érectile(4).
|
|
La dysfonction sexuelle chez l’homme sous TSO semble
être liée à des taux de testostérone
sérique inférieurs à la normale(10, 13,
24, 25). La relation entre les opiacés et des taux
sériques bas de testostérone peut se produire
par différents mécanismes. Il a été
montré que les opiacés inhibaient la sécrétion
hypophysaire normale de FSH et de LH, ce qui affecterait la
production normale de testostérone et de spermatozoïdes
par les testicules. Une interruption plus proximale de la
fonction endocrine normale peut se produire à travers
la modification de la sécrétion pulsatile normale
de GnRH par les opiacés, ce qui affecterait également
l'activité normale de la LH et de la FSH. L'interaction
avec la médiation dopaminergique habituelle de la sécrétion
de prolactine, entraînant des taux élevés
de prolactine et, à son tour, une diminution de la
production de testostérone peut également causer
une dysfonction sexuelle chez l’homme sous TSO. Les
opiacés peuvent également agir directement sur
le tissu testiculaire pour inhiber la production normale de
testostérone(14).
|
Retour en haut de page |
 |
Femme
: |
 |
Les
recherches concernant la dysfonction sexuelle chez la femme
sous TSO sont plus rares. La dysfonction sexuelle chez la
femme sous TSO semble être essentiellement liée
à l'interaction avec la production cyclique normale
de LH et de FSH, probablement en raison de la production élevée
de prolactine. Ce processus interagit avec les hormones nécessaires
à la fois au maintien d'un cycle menstruel normal (estrogène,
progestérone) et à une libido normale (androgènes).
On pense que l'interaction avec ces hormones sexuelles produit
les signes et symptômes courants de la dysfonction sexuelle
et du dérèglement hormonal chez les femmes sous
TSO : baisse de libido et oligoménorrhée ou
aménorrhée.
|
|
Alors
qu'il est clair qu’une production androgène diminuée
est étroitement et directement associée à
une dysfonction sexuelle chez l’homme, la relation est
plus compliquée et moins claire chez la femme. L’augmentation
normale des androgènes sériques à la
moitié du cycle n'a pas été fortement
associée aux pulsions sexuelles chez la femme(4). Il
a toutefois été montré que le remplacement
transdermique d'androgènes sériques inférieurs
à la normale chez des sujets féminins résultait
en une amélioration de l'humeur et de la libido(3,7).
De plus, des femmes présentant des taux normaux de
testostérone sérique ont démontré
une réponse sexuelle accrue lorsqu’un supplément
de testostérone était administré(38).
|
Retour en haut de page |
 |
MÉTHADONE
: CONCLUSIONS D'ÉTUDES SPÉCIFIQUES |
 |
Des
études ont démontré chez les populations
sous traitement de maintien à la méthadone des
taux de dysfonction sexuelle supérieurs à ceux
de la population générale(9, 20, 23, 27, 28,
35, 36). Les
estimations de prévalence varient toutefois significativement
: de 30 à 100%(14, 17, 20). De plus, la prévalence
de types spécifiques de dysfonction sexuelle (libidinale,
érectile et orgasmique) n'a pas été examinée
en détail.
Les premières études n'ont pas invariablement
démontré une relation dose-réponse entre
la méthadone et la dysfonction sexuelle ou entre la
dose de méthadone et les taux sériques d'hormone.
En 1974, Cushman et ses collègues ont échoué
à trouver une relation fondamentale entre une dose
unique de méthadone et les taux sériques de
LH, de FSH, de prolactine ou de testostérone chez 8
volontaires masculins. De même, il n’a pas été
trouvé que des doses de méthadone, stables à
long terme, avaient un effet sur la LH, la FSH, la prolactine
ou la testostérone sériques chez ces sujets(12).
Un premier travail a également montré que si
les taux de LH et de FSH étaient affectés par
la méthadone, l'effet semblait léger et passager(6,
12). Dans une étude par entretien de 50 hommes recrutés
dans un programme de maintien à la méthadone,
la dysfonction sexuelle était fortement répandue
dans le groupe (33 %), mais aucune relation n'a été
trouvée entre la dysfonction sexuelle et les tranches
de population, la dose de méthadone, ou l'historique
de consommation de la substance (20).
Plusieurs études ont fourni des résultats contradictoires,
indiquant néanmoins que la méthadone influençait
les taux d'hormones sexuelles. Willenbring et al. ont démontré
un taux de prolactine, stimulé au maximum, chez 15
hommes (dose quotidienne moyenne de 52,7 mg de méthadone,
durée moyenne de maintien de 18 mois), fournissant
la preuve d’une interaction par la prolactine comme
voie potentielle entraînant une diminution de la testostérone
et donc, une dysfonction sexuelle chez des hommes sous traitement
de maintien à la méthadone(39). Cicero et al.,
dans leur étude de 1975, ont trouvé des effets
sexuels multiples chez 29 sujets masculins sous traitement
de maintien à la méthadone. Il a été
trouvé que le volume de l’éjaculat ainsi
que les sécrétions séminales et prostatiques
représentaient 50 % de ceux de 43 témoins sans
narcotiques.
Les taux de testostérone sérique représentaient
en moyenne 43 % des taux des sujets témoins. La dose
moyenne journalière de méthadone de cette population
de l’étude était de 67 mg(9). Cicero a
reproduit des conclusions semblables chez un modèle
de rat mâle. Les taux de LH sérique étaient
indécelables chez des rats recevant de la méthadone
ou de la morphine, ce qui conduit à l'hypothèse
que la méthadone peut agir pour réduire les
taux de testostérone sérique via l'interaction
par les hormones régulatrices hypophysaires ou hypothalamiques.
Dans l’une des premières études examinant
les types particuliers de dysfonction sexuelle dans un échantillon
sous traitement de maintien à la méthadone,
Teusch et al. ont trouvé que les hommes sous traitement
de maintien à la méthadone rapportaient plus
fréquemment que les témoins une baisse de libido
et une dysfonction orgasmique(36). De façon similaire
aux études précédentes, la sévérité
de la dysfonction et la dose de méthadone n’étaient
néanmoins pas liées. Dans un travail plus récent,
Brown et al. ont également démontré un
lien entre la dose de méthadone et la dysfonction orgasmique
chez 92 hommes sous traitement de maintien à une dose
moyenne journalière de 100 mg de méthadone(8).
|
|
Étonnamment,
il n’a pas été trouvé que les
taux de testostérone et de prolactine sériques
étaient en moyenne, en dehors de l’intervalle
normal malgré la dose journalière relativement
élevée de méthadone par rapport aux
échantillons de l’étude précédente.
Un taux élevé de prolactine était toutefois
l’anomalie endocrinologique la plus courante dans
l’échantillon.
Spring et al.
ont fourni quelques-unes des premières preuves démontrant
la relation entre une dysfonction sexuelle et la dose de
méthadone(35). Leur étude a utilisé
un instrument validé pour examiner la dysfonction
sexuelle chez 25 hommes sous traitement de maintien à
la méthadone pendant une durée moyenne de
2 mois. Ils ont trouvé que les hommes souffrant d’une
dysfonction sexuelle significative étaient plus probablement
soumis à des doses plus élevées de
méthadone. Toutefois, il s’agissait d’une
étude transversale et les hommes présentant
une dysfonction sexuelle ont aussi approuvé un plus
grand nombre de symptômes psychologiques, un variable
parasite potentielle importante pour un effet produit par
une dose supérieure de méthadone.
Mendelson et al.
ont mené une étude prospective de l'effet
de l'administration d’acétylméthadol
sur les taux de testostérone sérique chez
13 hommes présentant une dépendance aux opiacés,
laquelle a donné des résultats significatifs.
Une diminution statistiquement et biologiquement significative
de la testostérone sérique a été
trouvée après 7 à 9 heures suivant
l'administration d’acétylméthadol. Les
taux de testostérone ont atteint des taux normaux
48 heures après l'administration du médicament(24).
Mendelson a également mené quelques-uns des
premiers travaux démontrant une relation entre la
dose de méthadone et la concentration de testostérone
sérique(25). Quand l'échantillon (n =38) était
divisé en deux groupes recevant une dose inférieure
(10-60 mg) et une dose supérieure (80-150 mg) de
méthadone, il a été trouvé que
les hommes recevant des doses quotidiennes supérieures
de méthadone avaient plus de chances d’avoir
un taux de testostérone sérique anormalement
bas. Comme preuve supplémentaire d'une relation inverse
entre la dose de méthadone et les taux de testostérone
sérique dans cette étude, des réductions
de la dose de méthadone ont été associées
au rétablissement des taux de testostérone.
Mendelson et al. ont trouvé des résultats
similaires dans un échantillon de 10 hommes auxquels
de l'héroïne a été administrée
en situation contrôlée pendant 7 jours, et
qui ont ensuite été soumis à une désintoxication
par l’emploi de méthadone à une dose
initiale de 35 mg(26). Encore une fois, il a été
constaté que des taux de testostérone sérique
anormalement bas trouvés durant et après la
période d'administration de l'héroïne
remontaient à la ligne de base après la désintoxication
à la méthadone.
La bibliographie concernant la dysfonction sexuelle chez
des sujets féminins sous TSO est rare. Une étude
a indiqué que 50 % des femmes passant de l'héroïne
à la méthadone ont fait l’expérience
d’une amélioration de la fonction sexuelle(1).
Il a été montré que la méthadone
abaissait les taux de testostérone sérique
chez des sujets féminins dans une étude(11).
Cette baisse de la testostérone chez les femmes a
également été associée à
des augmentations de la prolactine sérique(34). Près
de 50 % de femmes sont confrontées à une irrégularité
menstruelle pendant le traitement de maintien à la
méthadone. L'effet semble être lié à
la dose et semble diminuer au fil du temps, avec une possibilité
de reprise des menstrues normales sans changement de dose
de méthadone (33).
|
Retour en haut de page |
 |
BUPRÉNORPHINE
: CONCLUSIONS D'ÉTUDES SPÉCIFIQUES |
 |
La
buprénorphine est un agoniste mu partiel avec une affinité
élevée du récepteur et comme les agonistes
mu complets, elle s’est révélé
efficace dans le traitement de la dépendance aux opiacés.
Des études comparant la buprénorphine à
la méthadone, plus fréquemment utilisée,
ont trouvé que les taux de succès thérapeutique
étaient similaires et que la buprénorphine pouvait
entraîner moins d’effets indésirables.
Toutefois, une seule étude à ce jour a examiné
la prévalence de la dysfonction sexuelle en particulier
chez des patients traités par buprénorphine.
En 2005, Bliesener et ses collègues ont examiné
17 patients masculins sous traitement de maintien à
la buprénorphine et 37 patients masculins sous traitement
de maintien à la méthadone(5). Les effets auto-rapportés
par les patients sur la libido et la puissance, ainsi que
la testostérone totale et libre, la LH, la FSH, l’estradiol
et la prolactine ont été contrôlés.
Les échantillons sanguins de 51 volontaires masculins
ont été utilisés comme groupe témoin
pour les analyses hormonales. Vingt-trois pour cent des patients
dans le groupe sous buprénorphine ont rapporté
une diminution de la libido contre 83 % dans le groupe sous
méthadone. Douze pour cent ont rapporté une
puissance réduite, contre 72 % dans le groupe sous
méthadone. D'autres formes de dysfonction sexuelle,
comme la dysfonction orgasmique, n'ont pas été
examinées dans cette étude.
|
|
L'étude
de Bliesener a également trouvé que les patients
traités à la buprénorphine présentaient
des taux moyens de testostérone totale (5,1 ±
1,2 ng/mL) et libre (17,1 ± 4,8 pg/ml) significativement
supérieurs à ceux des patients traités
par la méthadone (2,8 ± 1,2 ng/ml et 7,8 ±
2,9 pg/ml, respectivement) et cela signifie en fait que les
taux de testostérone totale de ces patients traités
par la buprénorphine ne différaient pas significativement
des taux de l’échantillon du groupe témoin
sain (4,9 ± 1,3 ng/ml). Les taux moyens de prolactine
étaient significativement supérieurs dans le
groupe sous méthadone (8,7 ± 8,3 ng/ml) à
ceux du groupe sous buprénorphine (5,0 ± 2,0
ng/ml), bien que tous les groupes se situaient dans l’intervalle
normal. Aucune autre différence significative n’a
été trouvée dans l'analyse hormonale.
Dans un examen des scores à l’échelle
de Beck (BDI) recueillis dans la même étude,
il n’a pas été trouvé que les scores
moyens des groupes sous traitement par des opiacés
différaient significativement les uns des autres. Ce
manque de différence, ainsi qu'un manque de différence
significative au niveau de l'âge, de l’état
de santé, de la durée des médications
simultanées à l’addiction, ou de la fréquence
de consommation d'opiacés illégaux ont amené
les auteurs à conclure que le plus probable était
que le médicament de traitement, plutôt que d'autres
variables, contribuait aux différences de taux d'hormones
et de dysfonctions sexuelles rapportées entre les groupes
de traitement.
|
Retour en haut de page |
 |
IMPLICATIONS
POUR L'ÉVALUATION ET LE TRAITEMENT |
 |
|
|
|
Retour en haut de page |
 |
Dysfonction
libidinale |
 |
La
testostérone sérique basse due aux effets des
opiacés sur l’axe hypothalamo-hypophysaire gonadique
peut expliquer la baisse de libido. Cependant, étant
donné que les facteurs psychologiques sont des causes
courantes de baisse des pulsions sexuelles et que la comorbidité
psychiatrique est si répandue dans la population dépendante
à une substance, la santé mentale et émotionnelle
devrait être examinée en complément des
essais hormonaux. Ces états potentiellement importants
incluent les troubles de l'humeur, la psychose, les facteurs
situationnels de stress, les problèmes d'identité
sexuelle et les problèmes psychologiques liés
à l'âge.
Les médications autres que les MSO devraient également
être passées en revue, car elles sont également
des causes courantes de baisse des pulsions sexuelles. Des
responsables courants de cette baisse incluent les antihypertenseurs
et les agents psychotropes.
|
|
Si
d'autres étiologies devaient être exclues, étant
donné les associations dans la bibliographie entre
la dose de méthadone et le taux de testostérone
sérique, des approches thérapeutiques raisonnables
peuvent inclure le remplacement (parentéral ou transdermique)
de la testostérone anormalement basse ou une réduction
de la dose journalière de méthadone. Dans une
étude ouverte, des hommes sous traitement de maintien
à la méthadone avec des taux abaissés
de testostérone ont répondu à la testostérone
transdermique en termes de taux de testostérone sérique,
de fonction sexuelle et de mesures de bien-être(l5).
La bromocriptine peut également constituer une alternative
thérapeutique. La bromocriptine peut agir via le rétablissement
des taux de dopamine du SNC et la normalisation de la régulation
dopaminergique de la production de prolactine(34).
|
Retour en haut de page |
 |
Dysfonction
érectile |
 |
La
dysfonction érectile (DE) a plus fréquemment
une étiologie organique ou iatrogène. Différentes
maladies systémiques sont associées à
la DE, parmi lesquelles les maladies chroniques du foie, l'insuffisance
rénale, la maladie cardiovasculaire artérioscléreuse,
le diabète sucré, la maladie pulmonaire obstructive
chronique et la malignité. Un traumatisme spinal et
la chirurgie génito-urinaire sont également
d’une importance étiologique potentielle dans
la DE(2l). Bien que plus rares, des anomalies congénitales
et autres anomalies génitourinaires (par exemple, la
maladie de La Peyronie, le phimosis, l'anévrisme post-traumatique)
doivent être prises en considération.
|
|
Les
médications fréquemment associées à
la DE incluent les antihypertenseurs, les agents psychotropes
et les médications aux effets anticholinergiques. Le
tabagisme(19) est fortement associé à la DE.
Le risque relatif de DE augmente de 1,31 toutes les 10 paquets-années
de tabagisme (29).
Bien que des facteurs organiques causent fréquemment
une DE, des problèmes de santé mentale et émotionnelle
peuvent également y contribuer de façon significative.
Des symptômes dépressifs ont été
plus fortement associés à la DE, avec 90 % des
hommes présentant une dépression sévère,
rapportant une DE dans une étude (2). Une association
avec des troubles d’anxiété a également
été rapportée(32).
|
Retour en haut de page |
 |
Résumé |
 |
Le
TSO, surtout avec la méthadone, semble être associé
à la modification des taux sériques d'hormones
liées à la fonction sexuelle normale. Chez les
hommes, les opiacés peuvent agir par : (1) interaction
avec la production normale d’hormones hypothalamiques
et hypophysaires régulatrices (LH, FSH, GnRH), (2)
augmentation de la prolactine sérique, (3) action directe
sur les testicules pour inhiber la production de testostérone.
Alors que l'élimination d'autres étiologies
médicales et psychiatriques courantes pour la dysfonction
sexuelle est garantie, le remplacement de la testostérone
sérique anormalement basse peut traiter efficacement
la dysfonction libidinale ou la dysfonction érectile
et potentiellement l'orgasme retardé ou l’anorgasmie.
|
|
Le
remplacement d'androgènes anormalement bas chez des
femmes sous TSO peut également améliorer la
libido, ainsi que l'humeur. Les anomalies du cycle menstruel
sont supposées être passagères et peuvent
ne pas exiger de modification du dosage du MSO. Les patients
présentant une dysfonction sexuelle réfractaire
et une stabilité en termes de leur trouble de consommation
d'opiacés peuvent répondre à une réduction
de dose de leur MSO, la méthadone étant ici
probablement plus significative que la buprénorphine.
Compte-tenu du manque d'études dans le domaine de la
dysfonction sexuelle comme effet indésirable de la
buprénorphine, des recherches supplémentaires
sont nécessaires, en recourant à des populations
plus larges de patients et en examinant plus complètement
les types spécifiques de dysfonction des populations
à la fois masculines et féminines.
|
Retour en haut de page |
 |
Bibliographie |
 |
1.
Abel, E. L. (1984): Opiates and sex. J. Psychoactive Drugs
16: 205-16.
2. Araujo, A. B., Johannes, C. B., Feldman, H. A., Derby,
C. A. and McKinlay, J. B. (2000): Relation
between psychosocial risk factors and incident erectile
dysfunction: prospective results from the
Massachusetts Male Aging Study. Am. J. Epidemiol. 152: 533-41.
3. Arlt, W. (2006): Androgen therapy in women. Eur. J. Endocrinol.
154: 1-11.
4. Bancroft, J. (2005): The endocrinology of sexual arousal.
J. Endocrinol. 186: 411-27.
5. Bliesener, N., Albrecht, S., Schwager, A., Weckbecker,
K., Lichtermann, D. and Klingmuller, D.
(2005): Plasma testosterone and sexual function in men receiving
buprenorphine maintenance for
opioid dependence. J. Clin. Endocrinol. Metab. 90: 203-6.
6. Brambilla, F., Sacchetti, E. and Brunetta, M. (1977):
Pituitary-gonadal function in heroin addicts.
Neuropsychobiology 3: 160-6.
7. Braunstein, G. D., Sundwall, D. A., Katz, M., Shifren,
J. L., Buster, J. E., Simon, J. A., Bachman,
G., Aguirre, O. A., Lucas, J. D., Rodenberg, C., Buch, A.
and Watts, N. B. (2005): Safety and efficacy
of a testosterone patch for the treatment of hypoactive
sexual desire disorder in surgically menopausal
women: a randomized, placebo-controlled trial. Arch. Intern.
Med. 165: 1582-9.
8. Brown, R., Balousek, S., Mundt, M. and Fleming, M. (2005):
Methadone maintenance and male
sexual dysfunction. J. Addict. Dis. 24: 91-106.
9. Cicero, T. J., Bell, R. D., Wiest, W. G., Allison, J.
H., Polakoski, K. and Robins, E. (1975):
Function of the male sex organs in heroin and methadone
users. N. Engl. J. Med. 292: 882-7.
10. Cicero, T. J., Meyer, E. R., Bell, R. D. and Koch, G.
A. (1976): Effects of morphine and
methadone on serum testosterone and luteinizing hormone
levels and on the secondary sex organs of
the male rat. Endocrinology 98: 367-72.
11. Cofrancesco, J., Shah, N., Ghanem, K. G., Dobs, A. S.,
Klein, R. S., Mayer, K., Schuman, P.,
Vlahov, D. and Rompalo, A. M. (2006): The effects of illicit
drug use and HIV infection on sex
hormone levels in women. Gynecol. Endocrinol. 22: 244-51.
12. Cushman, P. (1972): Sexual behavior in heroin addiction
and methadone maintenance. N. Y. State
J. Med. 72: 1261-5.
13. Cushman, P., Jr. and Kreek, M. J. (1974): Methadone-maintained
patients. Effect of methadone on
plasma testosterone, FSH, LH, and prolactin. N. Y. State
J. Med. 74: 1970-3.
14. Daniell, H. W. (2002): Narcotic-induced hypogonadism
during therapy for heroin addiction. J.
Addict. Dis. 21: 47-53.
15. Daniell, H. W., Lentz, R. and Mazer, N. A. (2006): Open-label
pilot study of testosterone patch
therapy in men with opioid-induced androgen deficiency.
J Pain 7: 200-10.
16. Deglon, J. M., JL and Imer, R. (2004): Methadone patients’
sexual dysfunctions: Clinical and
treatment issues. Heroin Addiction and Related Clinical
Problems 6: 17-26.
17. Dyer, K. R. and White, J. M. (1997): Patterns of symptom
complaints in methadone maintenance
patients. Addiction 92: 1445-55.
18. EMCDDA. (2003): In European Monitoring Center for Drugs
and Drug Addiction, Annual Report
2006: The State of the Drugs Problem in Europe.
19. Feldman, H. A., Goldstein, I., Hatzichristou, D. G.,
Krane, R. J. and McKinlay, J. B. (1994):
Impotence and its medical and psychosocial correlates: results
of the Massachusetts Male Aging
Study. J. Urol. 151: 54-61.
20. Hanbury, R., Cohen, M. and Stimmel, B. (1977): Adequacy
of sexual performance in men
maintained on methadone. Am J Drug Alcohol Abuse 4: 13-20.
21.
Kandeel, F. R., Koussa, V. K. and Swerdloff, R. S. (2001):
Male sexual function and its disorders:
physiology, pathophysiology, clinical investigation, and
treatment. Endocr. Rev.
|
|
22: 342-88.22. Koutouvidis, N., Pratikakis, M. and Fotiadou,
A. (1999): The use of mirtazapine in a
group of 11 patients following poor compliance to selective
serotonin reuptake inhibitor treatment due
to sexual dysfunction. Int. Clin. Psychopharmacol. 14: 253-5.
23. Kreek, M. (1973): Medical safety and side effects of methadone
in tolerant individuals. JAMA
223: 665-668.
24. Mendelson, J. H., Inturrisi, C. E., Renault, P. and Senay,
E. C. (1976): Effects of acetylmethadol
on plasma testosterone. Clin. Pharmacol. Ther. 19: 371-4.
25. Mendelson, J. H. and Mello, N. K. (1975): Plasma testosterone
levels during chronic heroin use
and protracted astinence. A study of Hong Kong addicts. Clin.
Pharmacol. Ther. 17: 529-33.
26. Mendelson, J. H., Meyer, R. E., Ellingboe, J., Mirin,
S. M. and McDougle, M. (1975): Effects of
heroin and methadone on plasma cortisol and testosterone.
J. Pharmacol. Exp. Ther. 195: 296-302.
27. Ragni, G., De Lauretis, L., Bestetti, O., Sghedoni, D.
and Gambaro, V. (1988): Gonadal function
in male heroin and methadone addicts. Int J Androl 11: 93-100.
28. Ragni, G., De Lauretis, L., Gambaro, V., Di Pietro, R.,
Bestetti, O., Recalcati, F. and Papetti, C.
(1985): Semen evaluation in heroin and methadone addicts.
Acta Eur Fertil 16: 245-9.
29. Rosen, M. P., Greenfield, A. J., Walker, T. G., Grant,
P., Dubrow, J., Bettmann, M. A., Fried, L. E.
and Goldstein, I. (1991): Cigarette smoking: an independent
risk factor for atherosclerosis in the
hypogastric-cavernous arterial bed of men with arteriogenic
impotence. J. Urol. 145: 759-63.
30. Rosen, R. C. (1997): Sexual dysfunction as an obstacle
to compliance with antihypertensive
therapy. Blood Press. Suppl. 1: 47-51.
31. SAMHSA. (2004): In National Survey of Substance Abuse
Treatment Services (N-SSATS): 2004
Data on Substance Abuse Treatment Facilities.
32. Sbrocco, T., Weisberg, R. B., Barlow, D. H. and Carter,
M. M. (1997): The conceptual relationship
between panic disorder and male erectile dysfunction. J. Sex
Marital Ther. 23: 212-20.
33. Schmittner, J., Schroeder, J. R., Epstein, D. H. and Preston,
K. L. (2005): Menstrual cycle length
during methadone maintenance. Addiction 100: 829-36.
34. Shinderman, M. and Maxwell, S. (2000): Sexual dysfunction
associated with methadone
maintenance: Treatment with bromocryptine. Heroin Addiction
and Related Clinical Problems 2: 9-14.
35. Spring, W. D., Jr., Willenbring, M. L. and Maddux, T.
L. (1992): Sexual dysfunction and
psychological distress in methadone maintenance. Int J Addict
27: 1325-34.
36. Teusch, L., Scherbaum, N., Bohme, H., Bender, S., Eschmann-Mehl,
G. and Gastpar, M. (1995):
Different patterns of sexual dysfunctions associated with
psychiatric disorders and
psychopharmacological treatment. Results of an investigation
by semistructured interview of
schizophrenic and neurotic patients and methadone-substituted
opiate addicts. Pharmacopsychiatry 28:
84-92.
37. Trotta, M. P., Ammassari, A., Cozzi-Lepri, A., Zaccarelli,
M., Castelli, F., Narciso, P., Melzi, S.,
De Luca, A., Monforte, A. D., Antinori, A., Adherence Italian
Cohort Naive Antiretrovirals Study, G.
and Adherence Spallanzani Study, G. (2003): Adherence to highly
active antiretroviral therapy is
better in patients receiving non-nucleoside reverse transcriptase
inhibitor-containing regimens than in
those receiving protease inhibitor-containing regimens. Aids.
17: 1099-102.
38. Tuiten, A., Van Honk, J., Koppeschaar, H., Bernaards,
C., Thijssen, J. and Verbaten, R. (2000):
Time course of effects of testosterone administration on sexual
arousal in women. Arch. Gen.
Psychiatry 57: 149-53; discussion 155-6.
39. Willenbring, M. L., Morley, J. E., Krahn, D. D., Carlson,
G. A., Levine, A. S. and Shafer, R. B.
(1989): Psychoneuroendocrine effects of methadone maintenance.
Psychoneuroendocrinology 14:
371-91.
|
Retour en haut de page |
|
|