MISE
AU POINT AFSSAPS : ÉVALUATION ET PRISE EN CHARGE DES
TROUBLES PSYCHIATRIQUES CHEZ LES PATIENTS ADULTES INFECTÉS
PAR LE VIRUS DE L'HÉPATITE C ET TRAITÉS PAR
(PEG)INTERFERON-ALFA ET RIBAVIRINE
Commentaire du Dr Laurent MICHEL pour la rédaction
de Flyer
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Le Flyer N°33, Septembre 2008
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Contexte
d'étude |
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L’Agence
Française de Sécurité Sanitaire des Produits
de Santé (AFSSAPS) vient de publier (mai 2008, http://agmed.sante.gouv.fr/htm/10
/hepatite/map_psy_hepatite_c.pdf ) une mise au point importante
intitulée « Evaluation et prise en charge des
troubles psychiatriques chez les patients adultes infectés
par le virus de l’hépatite C et traités
par (peg) interféron alfa et ribavirine ».
Présidé par le Pr J-P Lépine et le Pr
D Vittecoq, un groupe multidisciplinaire d’experts a
émis un certain nombre de recommandations devenues
nécessaires portant sur le dépistage, la prévention
et la prise en charge des troubles psychiatriques mais aussi
des conduites addictives au cours de l’hépatite
C et de son traitement.
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Cette
mise au point actualise les recommandations de la conférence
de consensus 2002 sur l’hépatite C et 2005 sur
la co-infection VIH-VHC, comblant également certaines
lacunes préjudiciables à la bonne prise en charge,
voire tout simplement à l’accès aux soins,
d’un nombre grandissant de patients atteints de comorbidités
psychiatriques et addictives. En particulier, le groupe d’experts
considère que « les patients devant être
exclus de manière définitive, d’un traitement
par (peg)interféron-alfa et ribavirine pour des raisons
psychiatriques, sont peu nombreux ».
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Prévention
par traitement AD et outils diagnostiques : |
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Au
sujet de la pratique actuelle, fréquente, de mise en
place de traitements anti-dépresseurs préventifs,
il est souligné le fait qu’à ce jour,
les données de la littérature « ne permettent
pas d’évaluer le rapport bénéfice/risque
d’une utilisation préventive des antidépresseurs
chez les patients devant recevoir un traitement anti-hépatite
C », et que chez les patients présentant de facteurs
de risques de troubles psychiatriques, « il est rappelé
que tous les antidépresseurs peuvent induire des virages
maniaques de l’humeur, particulièrement chez
les patients bipolaires. La prise en charge de ces patients
doit donc relever d’un avis spécialisé
».
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Au
cours du traitement par (peg)interféron et ribavirine,
un dépistage le plus précoce possible des troubles
psychiques est préconisé, conduisant à
une réévaluation conjointe par l’hépatologue
et le psychiatre de la poursuite du traitement mais le «
groupe considère qu’une diminution des posologies
de l’interféron alfa n’est pas recommandée
», n’ayant pas été évaluée
et exposant à un risque de perte d’efficacité
sans impact démontré sur les troubles psychiatriques.
L’utilisation d’outils de dépistage diagnostique
simples comme le MINI (Mini International Neuropsychiatric
Interview), notamment dans ses modules épisode dépressif
majeur – état hypomaniaque ou maniaque –
risque suicidaire, est recommandée (annexe du document
de l’AFSSAPS).
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Patients
toxicomanes : |
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Les patients usagers
de drogues et à risque doivent faire l’objet
d’une prise en charge coordonnée (hépatologue,
addictologue, équipes concernées) avec un
soutien psychosocial renforcé.
L’usage
de drogue ne justifie donc qu’une prise en charge
plus soutenue et pas l’exclusion des soins.
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Chez les patients
traités par méthadone, il est recommandé
de rechercher d’éventuels « signes ou
symptômes de toxicité » (de surdosage
?) lors de l’introduction du traitement par interféron,
bien que les études de pharmacocinétique disponibles
n’aient à ce jour mis en évidence aucune
répercussion clinique significative d’une augmentation
des taux plasmatiques variant entre 10 et 16.5%.
(1-3)
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Prise
en charge pluridisciplinaire et globale : |
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Hormis
un support de type psychothérapie et des conseils d’hygiène
de vie, les stratégies thérapeutiques en cas
d’épisodes dépressifs d’intensité
modérée à sévère privilégient
les inhibiteurs de recapture de sérotonine (IRS) ou
les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et
de la noradrénaline (IRSNa). Il n’est par ailleurs
pas recommandé d’associer systématiquement
des benzodiazépines ou apparentés aux antidépresseurs.
La vigilance vis-àvis d’un risque de virage maniaque
ou hypomaniaque est soulignée.
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Le traitement,
s’il est bien toléré, doit être
maintenu pendant les 4 à 6 mois qui suivent la fin
du traitement par interféron et ribavirine.
De manière plus globale, l’importance d’associer
le médecin traitant à la prise en charge est
mise en exergue ainsi que la nécessaire multidisciplinarité
et l’amélioration des collaborations entre
professionnels.
La place du tiers,
conjoint ou proche, est également mise en avant dans
la démarche d’information et d’accompagnement.
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Références |
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1.
Sulkowski M, Wright T, Rossi S, et al. Peginterferon alfa-2a
does not alter the pharmacokinetics of
methadone in patients with chronic hepatitis C undergoing
methadone maintenance therapy. Clin
Pharmacol Ther. Mar 2005;77(3):214-224.
2. Gupta SK, Sellers E, Somoza E, Angles L, Kolz K, Cutler
DL. The effect of multiple doses of
peginterferon alfa-2b on the steady-state pharmacokinetics
of methadone in patients with chronic
hepatitis C undergoing methadone maintenance therapy. J Clin
Pharmacol. May 2007;47(5):604-612.
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3.
Berk SI, Litwin AH, Arnsten JH, Du E, Soloway I, Gourevitch
MN. Effects of pegylated interferon
alfa-2b on the pharmacokinetic and pharmacodynamic properties
of methadone : A prospective,
nonrandomized, crossover study in patients coinfected with
hepatitis c and hiv receiving methadone
maintenance treatment. Clinical Therapeutics. 2007;29(1):131-138.
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