METHADONE
ET CONDUITE AUTOMOBILE
Mise au point. Le comité de rédaction du
Flyer
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Le
Flyer, n° 22, Novembre 2005
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Que dit la loi ? |
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Dans le numéro 38 de la revue SWAPS a été publié un article intitulé : « les Stupéfiants au volant ». De manière assez explicite, il est dit au lecteur qu’un traitement substitutif à la méthadone interdit la conduite, sous peine de poursuite, alors que ce n’est pas le cas avec la buprénorphine, cette dernière n’étant pas classée comme ‘stupéfiant’.
Cet article s’appuie sur la loi 2003-87 du 3 février 2003 qui condamne à de fortes peines la conduite après avoir fait l’usage de stupéfiants (jusqu’à deux ans d’emprisonnement, 4 500 € d’amende et la moitié des points en moins).
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Si cette loi, de façon explicite, n’exclut pas de son champ d’application l’utilisation thérapeutique des substances classées ‘stupéfiants’, on peut penser qu’un patient recevant un TSO par la méthadone, comme un patient recevant un traitement par la morphine pour des douleurs, puisse conduire sans risquer les sanctions prévues par la loi 2003-87. Il appartiendra aux Autorités de faire la différence entre un individu conduisant sous l’emprise de stupéfiants consommés de façon illicite et un patient bénéficiant d’un suivi médical incluant la prescription d’un médicament ‘stupéfiant’.
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Mécanismes altérant l'aptitude à conduire |
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Pour être complet sur le sujet, et de manière plus pédagogique, rappelons les éléments suivants : Les effets des médicaments pouvant avoir un retentissement sur l'aptitude à la conduite peuvent relever de plusieurs mécanismes :
- troubles de la vigilance : somnolence, diminution des capacités de concentration, de la rapidité de réaction…
- troubles du comportement : altération des capacités de jugement, agressivité, euphorie…
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- troubles
visuels : éblouissement, vision double, troubles
de l'accommodation, mauvaise vision nocturne…
- et : vertiges,
hypotension orthostatique, malaises,…(1)
Depuis 1999, il
était apposé un pictogramme mettant en garde
les patients sur les risques liés à la conduite
concomitante à la prise de certains médicaments.
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Une
analyse complète finalisée en 2005 a été
menée par les experts de l'AFSSAPS, tant sur les données
pharmacodynamiques, que sur les données de pharmacovigilance.
Ainsi, de nouveaux pictogrammes vont progressivement remplacer
le pictogramme actuel sur les boites de médicaments
(2).
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Ils
seront désormais de 3 couleurs différentes en
fonction du niveau de risque qu'ils présentent lors
de la conduite automobile et de machines diverses et seront
accompagnés d'une mention explicative. 2 500 médicaments
sont concernés par la liste parue en Juillet 2005,
le dispositif sera ensuite étendu à l'ensemble
des médicaments pouvant altérer la conduite.
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Niveau
1 (couleur jaune) : Le risque est faible et peut dépendre
de la susceptibilité individuelle. La prise du médicament
ne remet pas en cause la conduite de véhicules mais
nécessite que les patients soient informés avant
de prendre le volant (3).
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Sont
concernés : AINS à doses antalgiques ou antipyrétiques,
sétrons, antihistaminiques de 2nde génération,
codéine < 20 mg, pholcodine, sélegiline,
amantadine, étifoxine, buspirone, riluzole.
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Niveau
2 (couleur orange) Les effets pharmacodynamiques délétères
pour la conduite automobile sont prédominants par rapport
à la susceptibilité individuelle. La prise du
médicament peut, dans certains cas, remettre en cause
l'aptitude à la conduite de véhicules et nécessite
l'avis d'un professionnel de santé. Les conseils du
médecin prescripteur et du pharmacien dispensateurs
sont essentiels (3).
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Sont
concernés : méthadone et buprénorphine,
les médicaments du sevrage de la dépendance
tabagique ou alcoolique, certains anti-émétiques,
la majorité des anxiolytiques, des antipsychotiques
et antidépresseurs, les anesthésiques locaux,
les antalgiques opiacés et de nombreux autres médicaments
*.
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Niveau
3 (couleur rouge) Les effets pharmacodynamiques du médicament
rendent la conduite automobile dangereuse. Avec les médicaments
de ce type (anesthésiques généraux, hypnotiques,
collyres mydriatiques…*), l'incapacité est généralement
temporaire, mais majeure, et ne permet pas de conduire.
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Compte
tenu d'un éventuel effet résiduel (ex après
une période de sommeil induite par hypnotique), il
est conseillé au patient de se faire aider du médecin
prescripteur pour savoir quand il peut à nouveau conduire,
après une prise ou une administration de médicament.
Lors de l'utilisation du médicament, la conduite de
véhicules est formellement déconseillée
(3).
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Conclusions |
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Enfin,
il est utile de rappeler que de nombreuses études (cf.
Flyer 19, Maintenance Therapy with Synthetic Opioids and Driving
Aptitude, entre autres) insistent sur le fait que l'utilisation
stable d'opiacés, dans le cadre de protocoles de soins
bien suivis, n'altère pas de manière significative
la capacité à conduire, quel que soit l'opiacé
utilisé. La présentation d'une ordonnance peut
justifier l'existence d'un protocole thérapeutique
en cas de contrôle routier. * : Pour une information
exhaustive sur la liste des médicaments, se reporter
au Journal officiel du 02/08/2005.
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Notes :
(1) Intervention
du Pr J.L. Montastruc, Point Presse AFSSAPS, 22/09/2005.
(2) Arrêté du 18 Juillet 2005 pris pour application
de l'article R 5121-139 du Code de la Santé Publique
et relatif à l'apposition d'un pictogramme sur le
conditionnement extérieur de certains médicaments
et produits, Journal Officiel 02/08/2005. (3) Mise au point
: Médicaments et conduite automobile, AFSSAPS, Septembre
2005
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